D’une valeur de plus de 740000 francs de l’époque, la reproduction du plan relief du fort de Joux a été l’une de grande oeuvre de notre association.
Les deux plans-reliefs du Château de Joux ont été construits aux 17e et 19e siècles. Nous en avons réalisé les copies à l’identique en 1993 et en 1995. La création de l’association Plan Relief de Joux est la -conséquence de l’important besoin de financement précédant toute commande. Seule une association spécifique pouvait réussir ce challenge.
Rappelons que le plan-relief de 1826 était assuré à fin 1993 pour une valeur de 500 000 francs correspondant au coût d’un remplacement de cet objet précieux. La dépense engagée pour sa vitrine de protection s’élève à 144 000 francs hors matériels de contrôle de la température et de l’hygrométrie. Les structures en aluminium avec peinture vernie cuite au four choisies pour l’ensemble des mobiliers d’exposition, vitrines des plans-reliefs et meuble de l’audiovisuel, sont d’un coût élevé, mais n’ont subi aucune altération en neuf ans d’existence dans un milieu difficile où l’hygrométrie dépasse souvent 95% d’humidité relative.
Les représentations en trois dimensions des places fortes et de leur environnement apparaissent sous Louis XIV. Elles permettent de visionner les places frontière à Paris et pallient l’impossibilité de restituer les différentes hauteurs sur les plans de l’époque.
Le plan de Joux commande en 1690 appartient à la première génération des plans-reliefs. En 1697, Vauban le classe parmi les 83 « plans bons à conserver », alors que 60 autres « qui ne valent rien ‘ sont détruits. Ce plan est mis à jour plusieurs fois au 18e siècle.
Le second plan-relief, construit entre 1822 et 1826, est mis à jour en 1868. Il représente le Château de Joux au stade
ultime de la fortification bastionnée, avant les bouleversements apportés par les modifications Séré de Rivières à partir de 1879.
L’intérêt présenté par les plans-reliefs pour le tourisme culturel est certain. Outre l’effet esthétique résultant notamment des matériaux utilisés, soies, papiers dessinés, ils représentent les stades antérieurs des fortifications d’un patrimoine architectural exceptionnel que constitue le Château de Joux, véritable « Musée à ciel ouvert de la fortification ».
D’autre part, ils témoignent également de l’environnement ancien de la forteresse. Les arbres sont peu nombreux afin de ne pas nuire la défense. Seules les voies d’accès sont ombragées, permettant ainsi d’effectuer des abattis en cas de siège afin d’entraver la progression de l’ennemi. L’habitat des villages environnants, fortement modifié de nos jours, constitue un élément intéressant de géographie humaine. Cet aspect pédagogique peut parfaitement s’adresser a des scolaires.
Construit de 1822 à 1826 à l’échelle de l/600e qui est celle adoptée pour tous les plans depuis le 17e sièclè, ce plan-relief possède des dimensions modestes, 1,76m. x. 3,48m., car le site n’imposait pas de représenter une surface plus grande pour l’étude de l’attaque de l’artillerie au début du 19e siècle. La lisibilité du plan est bonne, car les éléments essentiels comme le château ne sont pas trop éloignés de l’ceil du visiteur. Alors qu’à Besançon par exemple, la représentation de la ville est distante de plusieurs mètres du bord de la maquette. Les modifications apportées par la mise à jour de 1868 résident dans l’ajout, de la voie ferrée vers Neuchâtel (1860), des modernisations d’époque Louis-Philippe : terrasse du donjon qui remplace la toiture antérieure, modifications des 2e et 5e enceintes notamment et du fortin du Larmont dans son état d’origine des années 1844-1860 avec son entrée située au-dessus de La Cluse dont les vestiges extérieurs forment le belvédère actuel.
Décidée en 1992, la construction de la copie à l’identique du plan-relief a posé quelques difficultés. La collection conservée aux Invalides étant classée parmi les monuments historiques, il est nécessaire d’obtenir les autorisations indispensables. Le choix du maquettiste prend un aspect déterminant vis-à-vis de l’Administration de la Culture. Notre choix de la société bisontine Reliefs qui avait déjà effectué la copie du plan de Besançon, a été accepté par le conservateur du musée parisien. L’original du plan de Joux, déplacé à Lille lors du transfert de 1985, était conservé en caisses dans une réserve. Nous avons obtenu, moyennant finance, son transfert de Sainte-Geneviève-des-Bois vers les réserves des Invalides afin de pouvoir procéder aux relevés indispensables.
Jusqu’en 1743, les plans sont construits sur place par un ingénieur détaché et son personnel, puis le plan est expédié à Paris (plan de 1690). Après cette date, les relevés sont effectués sur le site à plusieurs stades de la construction qui est réalisée à la galerie des plans-reliefs à Paris (plan de 1826). La table du plan est constituée de lamelles en bois juxtaposées qui sont recouvertes de planchettes râbotées pour restituer les différents mouvements du terrain. Les bâtiments taillés dans du bois de tilleul sont ensuite recouverts de feuilles de carton colorées et dessinées à la main, avec ajout des portes et fenêtres rapportées. Des fils de soie naturelle, finement hachés et teintés, saupoudrés sur le terrain, permettent de reproduire toutes les nuances des sols par un flocage subtil. Le résultat est surprenant de réalisme, en regardant le plan-relief, le visiteur a l’impression de se promener dans un paysage du 19e siècle. Pour réaliser la copie, à Paris l’étude préalable de l’original fait appel à des procédés informatiques pour obtenir une restitution à l’identique du profil des sols. Un reportage photographique de plus de 700 clichés professionnels analyse tous les détails des bâtiments et autres éléments à reproduire.
Au début de la grande campagne de modernisation des fortifications du Château de Joux qui débute en 1690, la construction d’un plan-relief est décidée. Un ingénieur du Roi, Jean-François de Montaigu, arrive au château avec mission de construire ce plan en trois dimensions. Il vient de réaliser les plans de Fribourg-en-Brisgau et de Luxembourg. A la fin de décembre 1690, le plan de 2,90 m. x 2,36 m. est terminé. Mis en caisse, il est acheminé en deux semaines jusqu’à Versailles pour être présenté à Louis XIV. Puis il rejoint la prestigieuse collection des plans-reliefs au Palais du Louvre. En 1849, après la construction du second plan-relief, ce premier plan est détruit. Exceptionnellement, la représentation du château en est conservée, ses dimensions deviennent 0,39 m. x 0,265 m.